Pedro Almodóvar remporte le Lion d'or avec "La Chambre d'à côté". Nicole Kidman et Vincent Lindon sacrés pour leurs performances. Angelina Jolie éblouit en Maria Callas. Tim Burton ouvre le bal avec "Beetlejuice Beetlejuice". Isabelle Huppert préside un jury éclectique. La Mostra de Venise 2024 s’est achevée ce week-end. On vous résume le palmarès, les faits marquants et les controverses d’un festival qui fera date.
Les lauréats marquants de la Mostra de Venise 2024
Pedro Almodóvar remporte le Lion d'or avec La Chambre d'à côté
Pedro Almodóvar, l'enfant terrible du cinéma espagnol, a enfin décroché le prestigieux Lion d'Or pour La Chambre d'à côté. Ce premier drame hollywoodien marque un tournant audacieux dans sa carrière, déjà jalonnée de succès. Le film explore les méandres des relations humaines à travers une mise en scène magnifiquement sobre, un contraste avec le style flamboyant auquel il nous avait habitués.
L'impact de cette victoire dépasse largement le cadre cinématographique. Cette récompense consacre un réalisateur qui a su réinventer son art tout en restant fidèle à son identité cinématographique.

Vermiglio ou la mariée des montagnes décroche le Lion d'argent
Le Lion d'Argent a été attribué à Maura Delpero pour Vermiglio ou la mariée des montagnes. Ce film, véritable fresque poétique, plonge dans les traditions ancestrales d'un village italien et interroge leur place dans notre société contemporaine. La réalisatrice signe ici une œuvre aussi intime que grandiose, où chaque plan semble respirer la mémoire collective.
Un choix attendu mais puissant, confirmant Maura Delpero comme une figure montante du cinéma européen. Sa capacité à mêler tradition et modernité a su séduire un jury visiblement attaché à mettre en lumière des récits enracinés dans leur culture.
Nicole Kidman et Vincent Lindon récompensés par les Coupes Volpi
Du côté des interprétations, les prestigieuses Coupes Volpi ont célébré deux talents aux antipodes mais tout aussi magistraux. Nicole Kidman a ébloui dans son rôle de femme détruite par un passé tumultueux dans The Echoes We Bury. Une performance qui rappelle pourquoi elle reste une icône incontournable d’Hollywood.
Quant à Vincent Lindon, il s’est imposé avec un rôle complexe dans Les Silences de l’Homme, explorant les zones grises de la moralité humaine. Son jeu tout en nuances offre une profondeur rare au personnage, confirmant qu’il est l’un des acteurs français les plus captivants de sa génération.
"Chaque trophée de la Mostra 2024 illustre une tension entre tradition et innovation."
Les faits marquants du festival
Tim Burton ouvre la Mostra avec Beetlejuice Beetlejuice
Le hautement attendu Tim Burton a ouvert la Mostra de Venise 2024 avec une projection spéciale de Beetlejuice Beetlejuice, suite tant espérée de son classique culte. Alliant l'esthétique gothique qui lui est chère à une touche résolument contemporaine, Burton a réussi à captiver une salle comble. Les critiques sont unanimes : l'esprit irrévérencieux de l'original est intact, mais il s'accompagne cette fois d'une profondeur narrative inattendue.
En conférence de presse, le réalisateur a déclaré : "Je voulais que ce film soit une lettre d'amour à mes fans, tout en explorant les paradoxes de notre époque." Un moment fort, renforcé par la présence de Michael Keaton et Winona Ryder, toujours aussi électrisants dans leurs rôles respectifs.

Angelina Jolie incarne Maria Callas dans un biopic acclamé
Si un mot devait résumer la performance d’Angelina Jolie dans Maria, ce serait "transcendante". Dans ce biopic signé Pablo Larraín, l’actrice incarne la légendaire diva Maria Callas avec une intensité troublante. Le film a été ovationné pendant sept minutes lors de sa première projection.
Fait notable : Angelina Jolie a consacré six mois à l'apprentissage du chant lyrique pour renforcer l'authenticité de son interprétation. Lorsqu’on lui demande si elle se sentait intimidée par un tel rôle, elle répond simplement : "Maria était plus qu’une voix, elle était une âme en flammes." Une déclaration qui résonne profondément avec sa prestation magistrale.
Isabelle Huppert préside un jury audacieux et éclectique
Choisie pour présider le jury cette année, Isabelle Huppert n’a pas déçu. Fidèle à sa réputation d’actrice iconoclaste et engagée, elle a défendu des choix artistiques audacieux. Sous sa direction, le jury a mis en avant des œuvres explorant des thématiques complexes comme l’identité ou les fractures sociétales.
Son discours d’ouverture donnait déjà le ton : "Le cinéma doit continuer à surprendre, provoquer et bousculer nos certitudes." Une philosophie qui s’est traduite dans un palmarès éclectique et résolument moderne. On murmure même que certains débats au sein du jury ont été particulièrement animés, preuve que chaque décision fut mûrement réfléchie.
"La Mostra 2024 a incarné un dialogue constant entre l'héritage du cinéma et ses perspectives d'avenir."
Les surprises et controverses de cette édition
La Mostra de Venise 2024 n’a pas failli à sa réputation d’événement aussi prestigieux que polarisant. Si certains choix du palmarès ont été salués unanimement, d’autres ont suscité des débats enflammés dans les cercles cinéphiles.
Les absences remarquées : Jenna Ortega et Dea Kulumbashvili
Parmi les absences qui ont fait grincer des dents, celle de Jenna Ortega dans Amparo est sans doute la plus retentissante. L’actrice, au sommet de son art, livre une performance bouleversante dans ce drame intimiste sur l’exil et l’identité. Beaucoup voyaient en elle une prétendante sérieuse pour la Coupe Volpi, mais le jury semble avoir préféré d'autres horizons artistiques. Une décision perçue par certains comme frileuse face à un rôle audacieux.
Autre grande oubliée : Dea Kulumbashvili, dont le film Lumière Éteinte était pourtant considéré comme une révélation majeure. Explorant les traumas générationnels dans un contexte post-soviétique, ce long-métrage a divisé les critiques mais aurait mérité au moins une mention spéciale. Le silence du jury sur cette œuvre a été interprété comme un manque de prise de risque artistique.
La section Orizzonti : un espace d'expérimentation
La section Orizzonti, souvent reléguée au second plan par rapport à la compétition principale, a brillé cette année par son audace. Des films comme Solstice ou Le Chant des Ruines ont repoussé les limites narratives et visuelles du cinéma contemporain. Cependant, leur radicalité a également alimenté des controverses : fallait-il récompenser des œuvres si éloignées des codes traditionnels ?
The Brutalist de Brady Corbet : un film qui divise
Enfin, comment ne pas évoquer le cas de Brady Corbet et son film The Brutalist ? Ce drame épique sur l’architecture moderniste a autant fasciné qu’agacé. Si certains y voient un chef-d’œuvre visionnaire, d’autres dénoncent une froideur excessive et un propos élitiste. La décision du jury de ne pas inclure ce film au palmarès principal a été interprétée comme un message clair : l’expérimentation ne suffit pas toujours à convaincre.
"L'édition 2024 de la Mostra restera mémorable pour ses triomphes artistiques et ses choix audacieux, parfois controversés."
La Mostra 2024 : un reflet du cinéma contemporain
La Mostra de Venise 2024 s’affirme, une fois de plus, comme le théâtre des contrastes et des dialogues. Entre la consécration d’un Pedro Almodóvar réinventé et l’audace narrative d’Angelina Jolie en Maria Callas, le festival a su marier tradition et innovation avec une rare élégance. Pourtant, derrière les flashs des projecteurs, les choix du jury ont laissé planer des zones d’ombre : les absences remarquées de Jenna Ortega ou Dea Kulumbashvili nous rappellent que l’art reste une affaire de subjectivité et de pouvoir.
En célébrant des œuvres aussi variées que La Chambre d'à côté ou Vermiglio, cette édition a offert un instantané saisissant des préoccupations artistiques et sociétales de notre époque. Le cinéma doit-il se limiter à refléter nos réalités ou redéfinir les contours de notre imaginaire collectif ? Une question qui hantera sans doute les futures éditions.