Alain Delon est une des plus grandes icônes du cinéma mondial. Ses collaborations avec Jean-Pierre Melville, Luchino Visconti et René Clément ont donné naissance à certains des plus grands chefs-d'œuvre du 7ème Art. Sa filmographie continue d'influencer les générations actuelles, tant en France qu'à l'étranger. Une influence qui ne doit rien au hasard, tant l'homme est un acteur de génie. Il n'empêche : le personnage est d'une violence inouïe, tant par ses propos que par ses actes. Et ce, sans même parler des accusations qu'il traîne comme des boulets (violences conjugales, viols, etc.) On en discute dans notre dernier article.
La naissance d'une légende : Premiers pas dans le cinéma
Quand Alain Delon fait ses premiers pas au cinéma en 1957 avec Quand la femme s'en mêle réalisé par Yves Allégret, qui aurait pu prédire qu'il deviendrait l'une des figures les plus emblématiques du septième art ? À seulement 22 ans, son charisme brut et son physique magnétique éclatent déjà à l'écran. Ce jeune homme, récemment revenu de son service militaire en Indochine, n'avait aucune formation d'acteur. Pourtant, il captive immédiatement les regards. Était-ce sa beauté presque irréelle ou cette aura insaisissable qui semblait annoncer un destin hors du commun ?
L'année suivante, en 1958, Delon décroche un rôle dans Christine, un film qui changera sa vie à bien des égards. Sur le plateau, il rencontre une certaine Romy Schneider, actrice allemande déjà célèbre pour son rôle devenu culte dans la série des Sissi. Leur relation dépasse rapidement les limites de la fiction : ils tombent amoureux. Leur romance passionnée fascine le public et les médias, devenant le couple glamour par excellence des années 60.
Alain Delon et Romy Schneider : une alchimie à l'écran comme dans la vie personnelle.
Le charisme magnétique d'Alain Delon : Une nouvelle définition de l'acteur
Le magnétisme d'Alain Delon ne repose pas uniquement sur son apparence. Dès ses débuts, il impose une présence singulière à l'écran. Sa manière de se mouvoir, cette nonchalance teintée d'élégance, suscite immédiatement l'intérêt des réalisateurs français et internationaux. On le compare même à James Dean – une comparaison flatteuse mais réductrice tant Delon forge rapidement sa propre identité artistique.
Un tournant décisif survient lorsqu'il est choisi par René Clément pour incarner Tom Ripley dans Plein Soleil (1960). Ce rôle révèle au monde entier ses talents d'acteur et met en lumière une dualité fascinante entre le charme et l'ambiguïté morale. Peut-on résister à un personnage aussi séduisant qu'inquiétant ? Avec ce film, Alain Delon devient plus qu'un simple jeune premier : il incarne désormais un mystère irrésistible.
Le rôle de Romy Schneider dans l'ascension de Delon
Romy Schneider joue un rôle crucial dans l'ascension fulgurante de Delon. D'abord partenaire à l'écran, elle devient sa muse et son soutien indéfectible durant ces années formatrices. Mais leur relation n'est pas exempte de tensions – loin s'en faut ! En 1963, leur rupture amoureuse marque profondément leurs vies respectives tout en alimentant les chroniques mondaines.
Une anecdote révélatrice illustre cependant leur lien indéfectible : lors du tournage de La Piscine (1969) sous la direction de Jacques Deray, plusieurs années après leur séparation tumultueuse, leur complicité éclate littéralement à l'écran. Ce film symbolise non seulement leurs retrouvailles artistiques mais aussi cette capacité unique qu'ils avaient à transcender leurs propres émotions pour créer quelque chose d'intemporel.

Ainsi, les débuts d'Alain Delon sont marqués par une combinaison rare de talent naturel, d'opportunités saisies avec audace et d'une relation passionnelle avec Romy Schneider qui a captivé autant qu'elle a inspiré. Mais peut-on vraiment parler du "début" quand chaque instant semble déjà destiné à devenir légendaire ?
Des collaborations prestigieuses qui ont marqué l’histoire
Jean-Pierre Melville et Le Samouraï : Une révolution dans le polar
En 1967, Alain Delon s'allie avec Jean-Pierre Melville pour donner naissance à un film qui redéfinit les codes du polar français : Le Samouraï. Dans ce chef-d'œuvre minimaliste, Delon incarne Jef Costello, un tueur à gages solitaire dont le silence et la rigueur méthodique fascinent autant qu'ils glacent. Ce rôle marque une symbiose parfaite entre l'acteur et son personnage, une "danse hypnotique" comme l'a décrit un critique de Première.
Jef Costello, c'est Alain Delon. Il n'y avait pas d'autre choix possible. – Jean-Pierre Melville
Le tournage fut aussi austère que le film lui-même. Melville, connu pour son perfectionnisme tyrannique, exigeait des prises interminables jusqu'à obtenir la gestuelle idéale. Une anecdote célèbre raconte comment Delon répétait inlassablement une scène d'ouverture où il enfile ses gants avant de quitter son appartement – un geste devenu mythique. Mais peut-on parler de contrainte quand chaque mouvement contribue à créer une œuvre intemporelle ?
Luchino Visconti et Le Guépard : Une fresque historique intemporelle
Trois ans plus tôt, en 1963, Alain Delon partageait l'affiche avec Burt Lancaster et Claudia Cardinale dans Le Guépard, sous la direction du maestro italien Luchino Visconti. Ce film monumental, adaptation du roman de Giuseppe Tomasi di Lampedusa, explore les bouleversements politiques et sociaux de la Sicile du XIXe siècle à travers les yeux du prince Salina (Lancaster). Delon y joue Tancredi Falconeri, le neveu ambitieux du prince.
Avec Visconti, le travail sur l'image atteint des sommets inégalés. Chaque plan est une peinture vivante où les costumes somptueux s'accordent harmonieusement aux décors opulents. Pour Delon, ce rôle représente davantage qu'une performance : c'est une immersion dans un univers aristocratique disparu mais captivant.
Visconti voyait en Delon bien plus qu'un acteur : il était sa muse. Lors d'une interview, il confiait que "Delon possédait une beauté classique presque sculpturale", parfaite pour incarner cette dualité entre tradition et modernité au cœur de Le Guépard. Est-ce cette esthétique unique qui a permis au film de remporter la Palme d'Or au Festival de Cannes en 1963 ? Probablement.
René Clément et Plein Soleil : Le film qui a révélé Delon au monde
Avant Melville et Visconti, il y eut René Clément. En 1960, Clément offre à Delon son premier grand rôle international avec Plein Soleil, adaptation du roman Monsieur Ripley de Patricia Highsmith. Ici encore, nous retrouvons cette ambiguïté morale qui deviendra la signature artistique de l'acteur. Tom Ripley est jeune, charmant mais profondément manipulateur – un personnage taillé sur mesure pour l'intensité magnétique de Delon.
L'alchimie entre Clément et son acteur principal se révèle explosive sur le plateau. Le réalisateur pousse Delon dans ses retranchements émotionnels pour capturer des moments bruts et authentiques. La scène où Ripley élimine son "ami" Philippe Greenleaf reste gravée dans les mémoires non seulement pour sa tension dramatique mais aussi parce qu'elle symbolise cette zone grise entre fascination et répulsion.
Ces collaborations ne sont pas seulement des jalons dans la carrière prolifique d'Alain Delon ; elles incarnent également trois visions cinématographiques distinctes où l'acteur se réinvente sans jamais perdre cette aura énigmatique qui continue de fasciner aujourd'hui.
Un héritage cinématographique qui transcende les générations
L'influence de Delon sur les acteurs contemporains
Il serait réducteur de cantonner l'héritage d'Alain Delon à son époque. Son charisme magnétique et sa manière unique d'incarner des personnages ambivalents continuent de fasciner les acteurs contemporains. Des figures comme Vincent Cassel ou encore Ryan Gosling ont souvent été comparées à lui pour leur capacité à mêler une froideur apparente et une intensité émotionnelle palpable. En France, Pierre Niney a mentionné dans une interview s'être inspiré de Delon pour incarner des rôles complexes, où la fragilité humaine se heurte à un vernis de perfection apparente.
À l'international, la "Delon-mania" persiste. Des réalisateurs comme Nicolas Winding Refn ont avoué que Drive (2011), avec Ryan Gosling, rendait hommage au style épuré et énigmatique du jeu de Delon dans Le Samouraï. Peut-on imaginer un Jef Costello moderne sans apercevoir l'ombre de Delon ?
Une esthétique cinématographique unique : Entre élégance et mystère
L'élégance d'Alain Delon ne résidait pas uniquement dans ses costumes impeccables ou son regard perçant, mais dans cette capacité rare à rendre chaque mouvement captivant. Ses collaborations avec des maîtres comme Jean-Pierre Melville et Luchino Visconti ont façonné une grammaire visuelle qui reste influente aujourd'hui.
Prenons l'exemple des films récents tels que A Most Violent Year (2014) de J.C. Chandor ou encore The American (2010) avec George Clooney. Ces œuvres évoquent non seulement le style mais aussi l'essence même du cinéma "delonien" : la solitude, le poids du destin, et cette ambiguïté morale omniprésente. Peut-on vraiment dire que ces films auraient vu le jour sans les bases posées par Delon ?
La dualité d'Alain Delon : Héros et anti-héros
Peut-être ce qui rend Alain Delon si intemporel est-il sa capacité à incarner simultanément le héros classique et l'anti-héros troublant. Dans un univers cinématographique contemporain où les lignes entre bien et mal sont constamment brouillées, cette dualité trouve une résonance particulière.
Des personnages comme Tony Montana (Scarface) ou même Arthur Fleck (Joker) semblent indirectement héritiers de cette ambiguïté morale que Delon a incarnée avec brio dès Plein Soleil. Aujourd'hui encore, cette tension entre séduction et danger inspire une nouvelle génération d'acteurs et scénaristes.
Là où Alain Delon excellait, c'était dans sa capacité à refléter nos propres contradictions.
Catégorie | Exemples |
---|---|
Films influencés | Drive, A Most Violent Year, The American |
Acteurs inspirés | Vincent Cassel, Ryan Gosling, Pierre Niney |
Réalisateurs référencés | Nicolas Winding Refn, J.C. Chandor |

Ainsi, Alain Delon demeure plus qu'une simple icône du passé : il est une constante source d'inspiration pour le cinéma mondial. Et si son héritage ne faisait que commencer ?
Le dernier samouraï du cinéma français
Alain Delon incarne à lui seul une époque, un style et une vision du cinéma qui transcendent les frontières et les générations. Son magnétisme à l’écran, cette aura insaisissable qui mêle beauté froide et profondeur émotionnelle, a redéfini ce que signifie être une star du septième art. Des réalisateurs de génie comme Jean-Pierre Melville ou Luchino Visconti ont su exploiter son potentiel unique pour créer des œuvres devenues immortelles. Mais n’est-ce pas dans ses contradictions mêmes – héros et anti-héros, icône classique et homme controversé – que réside son véritable héritage ?
Aujourd’hui encore, le spectre d’Alain Delon hante les écrans modernes, inspirant acteurs et cinéastes à capturer cette alchimie rare entre mystère et intensité. Peut-on imaginer un autre acteur capable de marquer autant l’histoire du cinéma tout en restant si énigmatique ? Une chose est certaine : tant qu’il y aura des films pour explorer les nuances de l’âme humaine, le nom d’Alain Delon continuera d’évoquer fascination et respect.