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Les secrets cachés du tournage de La Soupe aux Choux avec Louis de Funès et Jacques Villeret

Et si on te disait que La Soupe aux choux a failli ne jamais voir le jour ? Que Louis de Funès et Jacques Villeret se sont copieusement détestés durant le tournage ? Qu’une soucoupe volante a terrifié un village entier ? Voici les anecdotes inédites du film le plus improbable de l’histoire du cinéma français.

14 min
Films
2 February 2025 à 9h43

La Soupe aux choux est sans conteste l’un des films les plus cultes de la comédie française. Mais saviez-vous qu’il a failli ne jamais voir le jour ? Que Louis de Funès et Jacques Villeret se sont copieusement détestés durant le tournage ? Qu’une soucoupe volante a terrifié un village entier ? Voici les anecdotes inédites du film le plus improbable de l’histoire du cinéma français.

Anecdotes inédites du tournage de La Soupe aux Choux

Louis de Funès et Jacques Villeret : un duo atypique marqué par des tensions et des complicités

Quand Louis de Funès rencontre Jacques Villeret sur le plateau de La Soupe aux Choux, c'est un choc des générations, mais aussi des méthodologies. De Funès, perfectionniste notoire, avait son propre rythme de travail, souvent exigeant et méticuleux. À l'inverse, Villeret incarnait une spontanéité désarmante, parfois perçue comme une improvisation nonchalante par son aîné.

Leur relation aurait d'ailleurs débuté avec une mise en garde surprenante. Avant même que les caméras ne tournent, Louis de Funès aurait dit à Villeret : « Cela peut être la fin de votre carrière si vous n'êtes pas à la hauteur. » Un avertissement prophétique ou une pression inutile ? Quoi qu'il en soit, cet échange initial a posé les bases d'une collaboration où chacun a fini par s'enrichir des forces de l'autre.

"Louis de Funès était intransigeant sur les détails, mais il admirait profondément la manière dont Jacques Villeret incarnait La Denrée avec tant d'authenticité."

Cette dynamique parfois tendue a néanmoins donné lieu à des moments magiques à l'écran. Le contraste entre la rigueur du Glaude (de Funès) et l'extravagance extraterrestre de La Denrée (Villeret) a contribué à faire du film un classique indémodable.

Pourquoi la Seine-et-Marne a été un choix crucial pour ce tournage

Le tournage s'est déroulé principalement dans la campagne paisible de la Seine-et-Marne, notamment autour du village de Champeaux. Ce choix géographique n'était pas uniquement esthétique ; il répondait aussi à des contraintes bien précises. Louis de Funès, affaibli par des problèmes cardiaques depuis plusieurs années, ne pouvait s'éloigner trop loin ni multiplier les déplacements fatigants.

Les paysages bucoliques ont apporté au film un charme rustique unique. Les maisons pittoresques construites spécialement pour le film se fondaient parfaitement dans ce décor rural intemporel. Les habitants locaux, témoins privilégiés du tournage, se souviennent encore avec émotion du passage des acteurs dans leur commune – certains ayant même eu droit à des apparitions furtives dans les scènes !

Paysage rural typique de la Seine-et-Marne utilisé pour le tournage.

Cependant, tourner dans ces conditions n'était pas sans défis. Les températures imprévisibles et les contraintes logistiques liées à l'équipement technique ont mis l'équipe sous pression. Mais ces efforts ont payé : le cadre idyllique est devenu indissociable de l'identité visuelle du film.

Les coulisses techniques : défis et improvisations autour de la soucoupe volante

Parlons maintenant d'un élément clé du film : la fameuse soucoupe volante ! Conçue par Guy Delécluse, spécialiste reconnu des effets spéciaux (il avait travaillé auparavant sur Superman), cette soucoupe n'était pas une simple maquette miniature comme on pourrait s'y attendre. Il s'agissait d'un modèle "en dur", nécessitant quatre mois entiers de réalisation méticuleuse.

Pourtant, malgré toute cette préparation technique, certaines scènes ont dû être adaptées en dernière minute en raison des contraintes climatiques ou mécaniques imprévues. Une anecdote savoureuse raconte comment l'équipe a improvisé un système manuel pour donner l'illusion que la soucoupe "décollait" réellement – une prouesse qui semble aujourd'hui rudimentaire mais qui témoignait d'une ingéniosité artisanale remarquable.

Ces effets spéciaux novateurs pour leur époque ont permis d'insuffler une crédibilité inédite au récit fantastique du film. Un pari risqué mais réussi qui contribue encore au charme désuet et attachant du long-métrage.

Les relations entre les acteurs : entre rivalités et moments de grâce

L'avertissement prophétique de Louis de Funès à Jacques Villeret

Lorsqu'on évoque La Soupe aux Choux, difficile de ne pas revenir sur cette anecdote croustillante qui a marqué le début du tournage. Avant même que les caméras ne s'allument, Louis de Funès aurait déclaré à Jacques Villeret : « Si tu rates ce rôle, ce sera peut-être la fin de ta carrière. » Une déclaration choc, teintée d'une pression évidente, mais aussi d'une forme singulière de mentorat. De Funès, conscient de l'importance du rôle pour son jeune partenaire, cherchait probablement à le pousser à donner le meilleur de lui-même. Une méthode discutable ? Peut-être. Mais difficile de nier son efficacité.

En effet, loin d'être paralysé par cette mise en garde, Villeret a su embrasser son personnage avec une intensité remarquable. Son interprétation de La Denrée reste aujourd'hui encore un modèle d'authenticité et d'émotion dans la comédie française. Quant à Louis de Funès, derrière ses airs sévères se cachait une admiration réelle pour le talent brut de son collègue plus jeune. Cet échange initial a ainsi posé les bases d'une dynamique mentor-disciple unique, mêlant exigence et respect mutuel.

Quand la rigueur de Louis de Funès rencontrait la spontanéité de Jacques Villeret

Si Louis de Funès était connu pour son perfectionnisme obsessionnel – répétant inlassablement ses scènes jusqu'à atteindre une précision quasi-mécanique –, Jacques Villeret incarnait l'antithèse parfaite. Spontané et instinctif, il apportait une fraîcheur inattendue sur le plateau. Cette opposition des styles aurait pu provoquer des étincelles ; elle a finalement engendré une alchimie inoubliable.

De Funès préparait méticuleusement chaque geste, chaque intonation, anticipant même les réactions des spectateurs dans la salle obscure. Villeret, quant à lui, préférait laisser place à l'improvisation et à la surprise du moment. Une scène emblématique illustre bien cette différence : lors d’une prise où Villeret devait exprimer sa curiosité extraterrestre face au Glaude (De Funès), il improvisa une série d'expressions faciales si inattendues que toute l'équipe éclata spontanément de rire – y compris De Funès lui-même !

"Le contraste entre leur rigueur respective a enrichi le film d'une humanité palpable."

Finalement, ces deux approches opposées ont permis d'équilibrer le ton du film : un mélange subtil entre contrôle et chaos contrôlé.

Jean Carmet : l'électron libre du trio

Et puis il y avait Jean Carmet… Ah, Jean Carmet ! Celui qui semblait toujours jouer selon ses propres règles. Incarnant Le Bombé avec une bonhomie irrésistible et une pointe d’ironie mordante, il était l’électron libre indispensable au trio principal.

Sur le plateau, Carmet était réputé pour sa capacité à détendre l'atmosphère en un clin d'œil – parfois au grand dam du réalisateur Jean Girault qui peinait alors à maintenir tout ce petit monde concentré. Une anecdote savoureuse raconte comment Carmet aurait proposé un "concours" improvisé entre prises : celui qui inventerait la meilleure recette fictive autour de la soupe aux choux gagnerait… un litre de Perniflard (le fameux alcool fictif du film) ! Résultat ? Des fous rires incontrôlables qui auraient retardé certaines prises mais renforcé la cohésion entre les acteurs.

Son rôle dans La Soupe aux Choux va bien au-delà du simple comique secondaire : il apporte une profondeur inattendue au récit grâce à sa capacité innée à osciller entre légèreté et gravité. Sans lui, le film n’aurait probablement pas eu cette dimension supplémentaire qui en fait aujourd’hui encore un classique indémodable.

Jean Girault et son rôle clé dans l'immortalisation du film

Un réalisateur fidèle à Louis de Funès et son univers

Jean Girault, né en 1924, est une figure majeure du cinéma comique français. Son partenariat avec Louis de Funès a marqué l'histoire du septième art, tant par sa longévité que par sa créativité. Les deux hommes se rencontrent au début des années 1960, alors que de Funès cherche encore à solidifier sa carrière. C'est Girault qui lui offre des rôles dans Pouic-Pouic et Faites sauter la banque !, amorçant ainsi une collaboration fructueuse.

Leur plus grand succès reste sans doute la série des Gendarmes, qui démarre en 1964 avec Le Gendarme de Saint-Tropez. Ce tandem se distingue par une confiance mutuelle rare : Girault laisse souvent une grande liberté à de Funès pour ajuster les dialogues ou improviser des scènes, tout en maintenant une structure narrative solide. Cette méthode atteint son apogée avec La Soupe aux Choux, où le réalisateur s'efforce d'équilibrer l'humour burlesque propre à l'acteur et un ton plus introspectif.

"Jean Girault savait canaliser l'énergie débordante de Louis de Funès tout en respectant sa vision artistique."

Malgré un état de santé déclinant, Girault met tout en œuvre pour faire de ce projet un chef-d'œuvre populaire. Il décède malheureusement l'année suivante, laissant derrière lui un héritage cinématographique indélébile.

Les choix artistiques audacieux qui ont marqué le film

La Soupe aux Choux n'est pas qu'une comédie légère ; c'est aussi une œuvre empreinte d'une certaine poésie visuelle et narrative. Adapté du roman éponyme de René Fallet, le film explore des thèmes universels tels que la solitude et le passage du temps à travers le prisme d'une fable extraterrestre. Jean Girault fait des choix audacieux pour traduire cette dualité à l'écran.

Visuellement, le film se démarque par ses contrastes marqués entre la simplicité rurale et l'étrangeté cosmique. Par exemple, la soucoupe volante – conçue avec soin par Guy Delécluse – tranche radicalement avec les décors bucoliques du village de Champeaux. Cette opposition renforce l'idée d'un choc entre deux mondes, tout en conservant un ton accessible.

Narrativement, Girault opte pour un rythme lent mais réfléchi, permettant aux personnages principaux – incarnés par Louis de Funès et Jean Carmet – d'exprimer pleinement leur humanité. Christine Dejoux (Francine) témoigne que Girault encourageait également l'exploration émotionnelle des acteurs, même dans un cadre comique dominé par les attentes populaires.

Cependant, ces choix ne font pas toujours l'unanimité. Certains critiques considèrent encore aujourd'hui que le mélange des genres affaiblit le propos du film. Mais c'est précisément cette audace qui a permis à La Soupe aux Choux de devenir bien plus qu'une simple comédie : un classique intemporel capable d'émouvoir autant qu'il fait rire.

Le tournage en Seine-et-Marne : un décor naturel et des anecdotes locales

Les réactions des habitants face à une soucoupe volante en pleine campagne

Lorsque le village pittoresque de Champeaux, niché au cœur de la Seine-et-Marne, a été choisi comme principal lieu de tournage pour La Soupe aux Choux, il ne s'attendait pas à être propulsé sous les projecteurs d'un film culte. Imaginez la surprise des habitants lorsqu'une soucoupe volante – certes factice – a atterri dans leurs champs ! Les locaux, intrigués mais amusés, se sont rapidement pris au jeu.

Certains témoins se remémorent encore l'effervescence qui régnait dans les rues du village. Les enfants, fascinés par l'étrange objet métallique, venaient espionner les plateaux dès qu'ils le pouvaient. « C'était tout simplement surréaliste », raconte un ancien habitant dans un témoignage recueilli par un article d'Actu.fr. La soucoupe volante était tellement réaliste que certains passants ont cru à une véritable invasion extraterrestre – avant de croiser Louis de Funès en personne sur le chemin de la boulangerie.

Mais l'impact du tournage allait bien au-delà des curiosités technologiques. Des rallyes auto et projections ont depuis été organisés dans la région pour honorer ce moment unique d'histoire cinématographique. Preuve que même quatre décennies plus tard, La Soupe aux Choux reste profondément ancrée dans l'identité locale.

Les repas d'équipe : autour de la vraie soupe aux choux

Entre deux prises, l'équipe technique et les acteurs se retrouvaient autour d'un plat devenu emblématique : la soupe aux choux elle-même ! Préparée avec soin par des cuisiniers locaux, cette spécialité rustique créait une ambiance conviviale sur le plateau. Louis de Funès lui-même aurait plaisanté que « rien ne vaut une vraie soupe maison pour jouer un rôle aussi burlesque ! »

Ces repas improvisés étaient bien plus qu'une simple pause déjeuner ; ils renforçaient la cohésion entre tous les intervenants. Jean Carmet, connu pour son humour décapant, aurait même lancé un concours culinaire entre membres de l'équipe : qui pourrait revisiter le fameux potage avec le plus d'audace ? Une recette intégrant du Perniflard (l'alcool fictif du film) aurait remporté haut la main.

Ces moments partagés témoignaient d'une simplicité chaleureuse qui contraste avec les tensions parfois rapportées entre certains acteurs principaux. C'est autour d'une marmite fumante que les meilleures anecdotes prenaient vie.

Une ambiance unique malgré les contraintes climatiques

Tourner en plein air dans les paysages bucoliques de Seine-et-Marne semblait idyllique… jusqu'à ce que Dame Nature décide de jouer les trouble-fêtes. L'année 1981 fut marquée par des variations climatiques imprévisibles : pluies soudaines, vents capricieux et froid mordant mettaient régulièrement l'équipe technique à rude épreuve.

Les scènes nocturnes ont dû être abandonnées ou adaptées afin d’épargner Louis de Funès, dont la santé fragile nécessitait des horaires stricts et une attention particulière. Cette contrainte n’a pourtant pas entamé l'énergie créative du réalisateur Jean Girault ni celle du reste de l’équipe.

Une anecdote amusante révèle comment Jacques Villeret improvisa une danse hilarante sous une averse battante pour détendre ses collègues frigorifiés – une scène qui restera malheureusement hors caméra mais gravée dans la mémoire collective des participants.

Malgré ces défis météorologiques, le charme authentique des décors naturels a largement compensé ces désagréments. Le résultat final capture non seulement l'essence poétique du roman original mais aussi celle d’une époque où cinéma rimait encore avec artisanat passionné.

Conclusion : l'empreinte indélébile de La Soupe aux Choux dans la culture française

Pourquoi ce film reste une référence générationnelle

La Soupe aux Choux, bien plus qu'une simple comédie, est devenue une véritable capsule temporelle de la France rurale des années 1980. Ce film mêle habilement un humour burlesque à une réflexion mélancolique sur le temps qui passe et les bouleversements sociétaux. Ses dialogues savoureux et ses personnages attachants continuent de résonner auprès de toutes les générations. Ce n'est pas seulement une histoire d'extraterrestres débarquant en rase campagne, mais une ode à la simplicité, à l'amitié et aux plaisirs modestes.

En situant son récit dans un décor rural authentique, le réalisateur Jean Girault a su capturer l'essence d'une époque marquée par la transition entre tradition et modernité. Le film reste ainsi un repère culturel, témoignant autant des préoccupations sociales que des aspirations populaires de son temps.

"Ce n'est pas tant une soucoupe volante qu'une machine à remonter le temps vers nos racines."

Les leçons tirées d’une collaboration entre deux icônes du cinéma français

La rencontre entre Louis de Funès et Jacques Villeret sur ce tournage a été un moment charnière pour la comédie française. Leur duo, marqué par un contraste saisissant – rigueur méthodique pour l’un, spontanéité désarmante pour l’autre – a donné naissance à des scènes d’anthologie. De Funès, dans l’un de ses derniers rôles majeurs, y livre une performance nuancée, oscillant entre burlesque et gravité. Quant à Villeret, il impose sa marque avec une interprétation aussi touchante qu’inoubliable.

Cette collaboration illustre parfaitement comment deux visions artistiques peuvent se compléter pour enrichir une œuvre. Leur alchimie particulière symbolise tout ce que la comédie française peut offrir : profondeur derrière le rire et universalité des émotions. La Soupe aux Choux demeure ainsi une référence intemporelle, prouvant que même les récits les plus simples peuvent toucher au cœur de l’humanité.

Les secrets cachés du tournage de La Soupe aux Choux avec Louis de Funès et Jacques Villeret
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