Alain Delon est une énigme. Un mystère. Un paradoxe. Une anomalie. Une légende vivante dont le magnétisme n’a d’égal que la tragédie de sa propre existence. À bien y réfléchir, il est peut-être le plus grand acteur de tous les temps. Mais, surtout, son cinéma est le plus spectaculaire des miroirs tendus à nos propres désirs d'immortalité et de grandeur. On vous le prouve avec notre classement de ses 10 meilleurs films.
Top 10 des meilleurs films d'Alain Delon : Une légende à l'écran
1. Le Samouraï (1967) : Le tueur au code d'honneur
Jean-Pierre Melville offre à Alain Delon son rôle le plus iconique : celui de Jef Costello, un assassin solitaire. Avec son trench-coat et son chapeau feutre, Delon incarne une froideur magnétique, presque mécanique. Ce film est un ballet minimaliste où chaque geste compte, une exploration subtile de la solitude et du professionnalisme mortel. Anecdote savoureuse : Melville obligeait Delon à répéter ses scènes dans un mutisme absolu pour capturer cette aura énigmatique.
2. Le Guépard (1963) : L'aristocrate en déclin
Sous la direction du maître italien Luchino Visconti, Delon devient Tancrède, ce jeune prince charmant et opportuniste qui danse sur les ruines d'une aristocratie mourante. "Le Guépard" est une fresque historique somptueuse où Delon partage l'écran avec Burt Lancaster et Claudia Cardinale. La scène du bal reste l'une des plus belles jamais filmées dans le cinéma mondial.
3. Plein Soleil (1960) : Le manipulateur fascinant
Adapté du roman "Monsieur Ripley" de Patricia Highsmith, ce film marque les débuts de la collaboration entre Delon et René Clément. Tom Ripley est un personnage ambigu, prêt à tout pour usurper la vie d'un riche héritier. La beauté juvénile d'Alain Delon contraste avec la noirceur de son personnage, offrant une tension captivante.
"Plein Soleil" a propulsé Alain Delon au rang de star internationale grâce à son jeu nuancé et sa plastique parfaite.
4. Rocco et ses frères (1960) : Le drame familial italien
Encore une fois sous la houlette de Visconti, Delon livre une performance déchirante en Rocco Parondi, un jeune homme pris entre les aspirations familiales et ses propres désirs. Ce mélodrame explore des thèmes comme l'immigration, l'honneur et la tragédie.
5. Le Cercle Rouge (1970) : Le maître du polar
Jean-Pierre Melville retrouve Delon pour ce chef-d'œuvre du film noir français où il joue Corey, un cambrioleur méthodique. "Le Cercle Rouge" est une leçon de mise en scène épurée et de tension dramatique maîtrisée.
6. Monsieur Klein (1976) : L'identité en question
Dans ce thriller psychologique réalisé par Joseph Losey, Alain Delon s'aventure dans des territoires plus introspectifs en interprétant Robert Klein, un marchand d'art suspecté d'être juif pendant l'Occupation nazie. Une œuvre complexe qui interroge sur l'identité et la culpabilité collective.
7. Mélodie en sous-sol (1963) : L'élégance du braquage
Aux côtés de Jean Gabin, Alain Delon campe un jeune voyou ambitieux dans ce classique du cinéma français signé Henri Verneuil. Leur duo électrique porte ce récit haletant sur un braquage audacieux d'un casino.
8. La Piscine (1969) : Le triangle amoureux sous tension
Avec Romy Schneider et Maurice Ronet, "La Piscine" explore jalousie et désir dans une villa luxueuse près de Saint-Tropez. Réalisé par Jacques Deray, ce film est devenu culte pour ses dialogues acérés et son érotisme latent.

9. L'Insoumis (1964) : Le soldat rebelle
Ce drame politique signé Alain Cavalier voit Delon jouer Thomas Vlassenroot, un déserteur engagé malgré lui dans la guerre d'Algérie. Un rôle intense qui reflète les tensions sociopolitiques de l'époque.
10. Flic Story (1975) : Le réalisme du polar français
Basé sur des faits réels, "Flic Story" met en scène Alain Delon en commissaire Borniche face au criminel Émile Buisson joué par Jean-Louis Trintignant. Réalisé par Jacques Deray, ce polar se distingue par son réalisme brut.
Pourquoi ces films d'Alain Delon sont-ils incontournables ?
Le cinéma d’Alain Delon repose sur une alchimie fascinante : des thèmes universels explorés avec une intensité presque mythologique, et des collaborations avec des réalisateurs qui ont su sublimer cette aura unique. L’homme, l’acteur et le mythe se mêlent dans des récits qui interrogent la condition humaine.
Un magnétisme irrésistible : Delon en héros et anti-héros
Alain Delon est maître dans l'art de jouer des personnages ambivalents. Des figures comme Jef Costello dans Le Samouraï ou Tom Ripley dans Plein Soleil incarnent parfaitement cette dualité : entre charme et danger, entre séduction et froideur calculée. Ce n’est pas un hasard si Jean-Pierre Melville disait de lui : « Alain est comme un félin, il se déplace avec une précision mortelle. » Cette qualité presque animale ajoute une dimension hypnotique à ses rôles.
La dualité du héros traverse toute sa carrière. Dans Rocco et ses frères, il incarne un homme tiraillé entre l'amour fraternel et ses propres aspirations, tandis que dans Monsieur Klein, il explore les méandres de l’identité à travers un personnage pris au piège d’un système oppressif. Chaque film devient ainsi une réflexion sur la fragilité humaine.
Une collaboration avec les maîtres du cinéma : Visconti, Melville, Deray
Il serait impossible de parler d'Alain Delon sans évoquer les réalisateurs qui ont façonné son image cinématographique. Sa collaboration avec Luchino Visconti, notamment sur Le Guépard et Rocco et ses frères, a permis de révéler la profondeur émotionnelle de l'acteur. Visconti voyait en Delon non seulement un acteur mais une muse capable d'incarner la noblesse déchue ou la pureté tragique.
Avec Jean-Pierre Melville, c'est tout autre chose : leurs films comme Le Cercle Rouge ou Le Samouraï brillent par leur minimalisme esthétique et leur exploration quasi-spirituelle du crime. Melville exploitait chez Delon cette froideur magnétique pour créer des personnages iconiques.
Enfin, Jacques Deray a offert à Delon certains de ses rôles les plus célèbres, notamment dans La Piscine. Le réalisateur savait capturer ce mélange de sensualité et de tension latente qui rendait chaque scène inoubliable.
"Delon est une énigme que chaque réalisateur tente de résoudre à sa manière," écrivait un critique du New York Times. Et c'est précisément cette énigme qui rend ses collaborations si riches.
Des thèmes universels : tragédie, amour, identité et pouvoir
Les films d'Alain Delon gravitent autour de grandes thématiques humaines. La quête identitaire est omniprésente : que ce soit dans le contexte historique lourd de Monsieur Klein ou à travers les dilemmes moraux complexes de ses personnages criminels. L’amour aussi y joue un rôle ambigu : souvent destructeur (La Piscine) ou sacrificiel (Rocco et ses frères).
La tragédie personnelle est également au cœur de son cinéma. Les personnages qu’il incarne sont souvent confrontés à leur propre déclin ou à une fatalité inéluctable, comme Tancrède dans Le Guépard. À travers eux, le spectateur contemple non seulement la beauté mais aussi la fugacité du pouvoir et du désir humain.
Pour explorer davantage l'héritage immense laissé par cet acteur légendaire, découvrez toutes les récompenses reçues par Alain Delon.
L'héritage cinématographique d'Alain Delon
Une icône intemporelle : Du mythe à la réalité
Alain Delon n'est pas qu'un acteur, il est une institution, un modèle d'élégance et de mystère. Avec son charisme inégalé, il a redéfini le rôle de l'antihéros dans le cinéma français, influençant des générations d'acteurs comme Vincent Cassel ou encore Jean Dujardin. Son magnétisme à l'écran a transcendé les frontières du 7e art pour devenir un véritable phénomène culturel.
Delon a su incarner des personnages complexes, souvent tiraillés par des dilemmes moraux ou des tragédies personnelles. Ce mélange unique de vulnérabilité et de froideur calculée a fait de lui une figure incontournable dans des œuvres intemporelles telles que Le Guépard ou Le Samouraï. Mais au-delà des rôles, c'est son style personnel – une combinaison de sophistication brute et d'intensité tranquille – qui l'a gravé dans la mémoire collective.
L'influence de Delon sur le cinéma français et mondial
L'empreinte laissée par Alain Delon dépasse largement les frontières françaises. En Italie, ses collaborations avec Luchino Visconti ont marqué une époque dorée du cinéma européen. Aux États-Unis, bien que sa carrière y ait été plus discrète, son influence est palpable dans la manière dont Hollywood construit ses antihéros modernes.
Des réalisateurs comme Quentin Tarantino ou Michael Mann ont reconnu l'influence esthétique et narrative des films de Delon sur leurs propres œuvres. Même dans le Japon des années 70, où Le Samouraï est devenu culte, Delon est perçu comme une incarnation parfaite du code d'honneur samouraï modernisé.
Récompenses et distinctions : Une carrière couronnée de succès
Alain Delon a été honoré tout au long de sa carrière par des distinctions prestigieuses qui témoignent de son impact durable sur le cinéma mondial. Parmi celles-ci :
- Palme d'Or honorifique (2019) : Un hommage à une vie dédiée au 7e art.
- César d'honneur (1999) : Reconnaissance ultime du cinéma français.
- Ours d'or pour l'ensemble de sa carrière (1995) : Une distinction internationale rare.

Pour explorer davantage cette légende vivante du cinéma, découvrez l'icône qui a marqué le cinéma français et mondial.
Un hommage à l'immortel Alain Delon
Alain Delon, une icône dont le magnétisme transcende les époques, incarne bien plus qu'un simple acteur : il est un témoin des paradoxes humains. À travers des chefs-d'œuvre comme Le Samouraï ou Rocco et ses frères, il a exploré des thèmes aussi universels que l'identité, le pouvoir ou l'amour, tout en collaborant avec les plus grands maîtres du 7ème art. Mais Delon est avant tout une énigme, un miroir de nos propres ambitions et failles.
(Re)plonger dans sa filmographie, c'est redécouvrir un cinéma qui questionne autant qu'il fascine. Alors, pourquoi ne pas s'offrir une soirée devant La Piscine ou Le Cercle Rouge ? Car si Delon a marqué le cinéma mondial, il continue de nous rappeler que la grandeur et la tragédie sont indissociables de la condition humaine.